vendredi 2 décembre 2016

Rencontre avec Olivier Fallaix

Homme de mots, de sons et d'images, Olivier FALLAIX s'est distingué comme l'un des acteurs les plus durablement présents et les plus actifs dans le domaine du dessin animé japonais en France, depuis ses premières interventions à la radio, à la fin des années quatre-vingt, jusqu'à son activité récente dans le domaine de la S-VOD, depuis le 36-15 TOON jusqu'à l'animation de divers forums, en passant par le magazine de référence AnimeLand qu'il a vu naître puis dirigé, et l'éditeur vidéo IDP pour qui il a réalisé l'édition d'innombrables séries cultes, sans oublier la création du label musical Loga-Rythme. Année après année, il a pris une part active dans le processus de professionnalisation du fandom, les amateurs d'hier se faisant une place dans les entreprises d'aujourd'hui.

Alors qu'il travaillait comme éditeur pour IDP Home Video, il est chargé, fin 2004, de réaliser une réédition ambitieuse d'Ulysse 31 en DVD, proposant à la fois une image restaurée et de nombreux contenus inédits. Cette « édition Premium », avec ses qualités et ses défauts, est un jalon dans l'histoire mouvementée de l'exploitation d'Ulysse 31 en vidéo. Douze ans plus tard, cette belle édition, épuisée, se vend au prix fort, signe qu'elle n'a pas encore été surpassée. En cette année d'anniversaire pour Ulysse 31, il est temps de revenir sur les conditions dans lesquelles ces coffrets ont été réalisés et ce qu'il devaient contenir initialement...

Je vous invite à rencontrer Olivier Fallaix, d'abord refaisant avec lui son parcours depuis le tout début, puis détaillant la genèse de l'édition Premium d'Ulysse et les difficultés rencontrées, et enfin revenant sur feu le label Loga-Rythme et le contexte qui a conduit à la première édition en CD de la bande originale d'Ulysse 31.


I. Parcours

Bonjour Olivier, quel est votre parcours et votre lien avec l'animation japonaise ?

Je suis né à Lyon en 1969. Pour moi, tout a commencé avec Goldorak : on en parlait à la récré, je ne connaissais pas, j'ai eu envie de regarder. Évidemment, ç'a été un choc et je suis devenu fan. Mais juste après, j'ai découvert La Bataille des planètes, qui est vraiment devenue ma série préférée. Jusqu'à l'arrivée des Mystérieuses cités d'or, puis de Cobra et de toutes ces séries diffusées dans Récré A2 ou Les Visiteurs du mercredi.

Quelles études avez-vous faites ?

J'ai un DUT de génie électrique et informatique industrielle. Rien qui ait un rapport direct avec l'animation ! Cela correspond à une brève période de ma vie où je me suis éloigné du dessin animé. À cette époque, regarder des dessins animés quand on avait 16-18 ans semblait un peu honteux. J'ai décidé de m'en détacher, à contrecœur… mais cela n'a pas duré !

Que s'est-il passé ensuite ?

J'ai débuté sur la radio SuperLoustic à Lyon, en 1989. Comme auditeur, j'avais remarqué qu'ils ne passaient jamais certains génériques. J'ai donc commencé par leur apporter le disque des Mystérieuses cités d'or, qu'ils n'avaient pas, et très vite j'ai trouvé ma place à l'antenne. À l'époque, à Lyon, j'étais le seul dans l'équipe à m'intéresser autant aux dessins animés, notamment japonais.

En septembre 1989, SuperLoustic prend de l'ampleur et devient un projet de réseau FM national, c'est le moment où je monte à Paris. J'anime alors un rendez-vous hebdomadaire sur le dessin animé. À paris, je découvre les librairies japonaises, j'achète des disques japonais en import, c'est le bonheur. Je reste jusqu'à la fin de SuperLoustic, en septembre 1992.

Je crée ensuite le service minitel « 36 15 TOON » sur le dessin animé. Pour le magazine JoyPad, j'écris quelques articles sur le manga. Et sur RMC, j'anime une émission hebdomadaire avec d'autres anciens de SuperLoustic.

Surtout, au même moment, j'ai eu la chance de faire partie de l'équipe d'AnimeLand dès le début, alors que ce n'était qu'un fanzine, d'abord pour la rubrique audio où j'ai chroniqué les sorties CD. J'ai commencé à être payé en 1996, lorsque le magazine s'est professionnalisé.

Comment en venez-vous à travailler dans l'édition vidéo ?

Parallèlement à tout le reste, j'ai travaillé ponctuellement pour plusieurs éditeurs vidéo comme maquettiste PAO, pour réaliser des jaquettes de VHS et de DVD. Sur la première édition DVD des Cités d'or, chez AK Vidéo, je me suis également chargé de l'interview avec Bernard Deyriès, qui était un bonus intéressant.

J'ai commencé à travailler pour IDP en réalisant les jaquettes de leurs tout premiers DVD, celles de Capitaine Flam et Tom Sawyer, fin 1998 ou début 1999. Ensuite, tout en continuant à réaliser la PAO, j'ai pris en charge plusieurs projets. On m'a demandé de m'occuper de la version française de Conan le fils du futur. Dans un premier temps, nous avons repiqué la VF d'origine depuis des VHS mais la qualité n'était pas satisfaisante. J'ai donc proposé à IDP de produire un nouveau doublage avec les mêmes comédiens. Plus tard, je me suis chargé des VF pour Lupin III, avec Philippe Ogouz, que je connaissais un peu. Travailler avec de tels comédiens a été un grand plaisir.

À l'époque, quelles étaient les meilleures ventes de DVD parus chez IDP ?

Les trois séries qui se sont le mieux vendues, loin devant les autres, sont Capitaine Flam, Tom Sawyer et Bouba. Signé Cat's Eyes a également rencontré un bon succès.

Comment évoluez-vous ensuite ?

Jusqu'en 2004, IDP était une petite structure menée à bout de bras par Yves Huchez et son épouse. En 2005, IDP grossit, il y a alors dix employés, et la société aide Japan Expo à se professionnaliser. C'est le moment où je m'éloigne un peu.

Presque au même moment, en décembre 2005 précisément, Yvan West Laurence, le rédacteur en chef historique d'AnimeLand, souhaite prendre du recul et me propose de lui succéder à son poste. J'arrête alors tous mes travaux extérieurs, notamment pour IDP, pour prendre les commandes du magazine en janvier 2006 et j'y reste jusqu'en 2013. Cette année-là, AnimeLand traverse une crise terrible, la société fait l'objet d'un plan social et je suis remercié en décembre.

Depuis l'été 2014, je travaille pour Crunchyroll, service mondial de SVOD, qui fournit de la vidéo à la demande par abonnement et dont je suis le principal correspondant français.


II. Ulysse 31, l'édition Premium

Venons-en à l'édition « premium » d'Ulysse 31 en DVD. Qui a dirigé ce projet ?

C'est Yves Huchez, gérant d'IDP, qui en était responsable éditorial et c'est moi qui étais en charge du projet.

Quelle était votre ambition initiale ?

Nous voulions faire une très belle édition, riche en bonus pour comprendre la genèse de la série, avec une image remasterisée et un packaging haut de gamme, proposant des livrets richement illustrés avec une analyse de chaque épisode.

Il était prévu que chacun des six disques de cette édition contienne un bonus exclusif. Le premier disque devait contenir l'épisode pilote, tandis que les cinq disques suivants devaient chacun contenir une interview filmée avec les cinq personnes ayant joué un rôle majeur dans la genèse et la production d'Ulysse 31 : Jean Chalopin, Nina Wolmark, René Borg, Bernard Deyriès et Shingo Araki.

Avez-vous envisagé de réaliser une sorte de grand « making of » dans lequel ces entretiens auraient été entremêlés, avec des documents d'époque et des extraits de la série ?

Non, pour une raison simple. Il nous a semblé que prévoir un tel documentaire comportait surtout le risque de tout compliquer : chaque intervenant aurait eu un droit de regard sur le montage, donc le moindre désaccord sur les propos tenus par un autre intervenant aurait pu bloquer le documentaire dans sa totalité. Il faut se rappeler qu'Ulysse, c'est aussi une série sur laquelle il y a eu des mésententes, des conflits, dont il reste des traces encore aujourd'hui. Nous avons donc très vite décidé que chaque interview serait montée séparément, comme un petit film autonome.

Entretien filmé avec René Borg
dans l'édition Premium d'Ulysse 31
Tout ne s'est pas passé comme prévu.

Des contacts ont été pris pour réaliser les cinq entretiens. Celui avec René Borg a été tourné le premier. Devait venir ensuite un entretien avec Bernard Deyriès, dont la date était même fixée, ce dernier finalement annulé la veille du tournage, pour des raisons que je ne m'explique pas encore aujourd'hui. C'est là que tout le reste a définitivement capoté.

Vous avez eu un contact avec Jean Chalopin ?

Oui, mais à un certain moment, le contact a été rompu, c'est resté sans suite.

Et avec Nina Wolmark ?

J'avais eu un contact fructueux avec elle lorsque j'ai préparé le disque de la BO des Mondes engloutis pour le label Loga-Rythme. Mais pour l'édition Premium, c'était compliqué, j'ai senti une méfiance, ou en tout cas une réticence. Comme nous n'avions plus grand monde, je n'ai pas souhaité donner suite.

Comment expliquez-vous ces désistements successifs ? Comment les avez-vous vécus ?

Je les ai mal vécus, bien sûr, car ils ont malheureusement empêché l'édition définitive dont nous rêvions de voir le jour. Je les explique par une raison simple, même si elle est un peu rageante : IDP a souvent pâti de la mauvaise réputation associée au nom de Huchez, même si Yves Huchez a toujours gardé ses distances avec son oncle, Bruno-René Huchez, dont on peut dire sans porter de jugement qu'il est à l'origine de cette réputation sulfureuse. Pour beaucoup de gens avec qui nous avons voulu travailler, donc, le fait qu'IDP soit dirigé par un Huchez posait, en soi, un problème. Cela peut expliquer les refus de répondre à un entretien pour cette édition premium, je pense.

Restait Shingo Araki…

Oui. Le principe d'une interview filmée semblait moins naturel pour lui que pour nous, Français. Les Japonais n'aiment pas beaucoup se montrer. Nous avons finalement fait une interview écrite avec lui et Michi Himeno, qui se trouve dans le livret.

Comment s'est passé l'achat des droits pour la série elle-même ?

Très simplement. À l'époque, c'était le groupe Saban qui détenait les droits d'exploitation de l'ensemble du catalogue de la DIC, y compris Ulysse 31. Nous avons passé un accord avec Saban International Paris (SIP), la filiale française de Saban, qui le transmettait aussi à TMS, studio qui a réalisé Ulysse 31 et détenteur des droits pour le Japon.

Quels ont été les masters utilisés et quelle était leur provenance ?

Nous avions deux sources différentes, un master Saban identique à celui de l'édition DVD précédente et un master plus ancien fourni par l'Ina. Les deux sources étaient sur support vidéo (bandes 1 pouce). Sur les bandes de l'Ina, on retrouvait enfin les écrans-titres sur fond de nébuleuse qui manquaient cruellement sur les master Saban et sur nos précédents DVD.

Avez-vous fait appel à TMS pour fournir un nouveau master ?

Non, car cela aurait été un coup au hasard : nous aurions fait venir du Japon, à grands frais, un matériel d'une qualité incertaine. Par ailleurs, le master vidéo de l'Ina n'était pas exempt de défauts, mais il nous a apparu nettement supérieur au master Saban déjà utilisé précédemment.

Pourquoi le générique est-il d'une qualité très différente des épisodes eux-mêmes ?

Ce sont des souvenirs anciens, mais je crois me souvenir que nous avons utilisé une source différente pour le générique et pour les épisodes ; le master Ina pour les épisodes et le master Saban pour le générique, de mémoire parce que le générique était trop abîmé sur le master de l'Ina.

Quel regard avez-vous porté sur la qualité de l'image obtenue pour cette édition ?

Un test de restauration avait été fait depuis un même extrait pioché dans chacun des masters. C'était difficile de prendre une décision car il y avait des avantages et de défauts de chaque côté. Une image était plus nette, tandis qu'une autre avait de plus belles couleurs. Cependant, nous sommes tombés d'accord sur les masters de l'Ina. Le résultat était meilleur et suffisamment concluant pour justifier une réédition de qualité.

A-t-il été question, à un moment, d'inclure la version japonaise pour l'intégralité de la série ?

Nous l'avons envisagé brièvement, oui, mais cela représentait des coûts énormes et il n'était pas certain que le public allait nous suivre : Ulysse 31 est une série écrite en français, qui donc allait vraiment visionner la série complète en japonais ? Par ailleurs, ajouter une deuxième bande-son sur les 26 épisodes, cela représentait à la fois un coût pour l'achat des droits, pour le rapatriement de toute la série sur bandes 1"C depuis le Japon, pour la numérisation de 26 épisodes en japonais, pour l'authoring des DVD… Nous n'étions même pas certains que le montage image était exactement le même que pour la version française ; cette vérification aurait elles aussi un coût, sans parler des difficultés techniques si les montages étaient effectivement différents.

Nous avons mis tout cela dans la balance, et TMS, après discussion, a proposé de nous fournir un épisode. Nous avons jugé que c'était suffisant. Lorsque nous avons reçu la bande vidéo, la grosse surprise, ce fut de découvrir ce premier épisode avec les musiques originales de Denny Crockett et Ike Egan, alors que nous pensions recevoir la bande-son refaite avec les musiques de Kei Wakakusa !
L'épisode pilote d'Ulysse 31 reste, à ce jour, inédit en DVD

Pourquoi le fameux épisode pilote est-il absent cette édition ?

René Borg nous a dit qu'il avait le pilote. Il était même prêt à nous en fournir une cassette, mais celle-ci était enregistrée dans un format ancien que nous nous pouvions pas lire (peut-être un U-Matic ou un Betamax). Parallèlement, Saban International Paris (SIP) qui nous vendait les droits de la série n'a pas su nous dire s'ils étaient dépositaires des droits du pilote : ils n'en savaient rien. Ils n'ont pas pris le risque d'autoriser la diffusion d'un film qui n'était pas dans leur catalogue.

Et TMS ?

Concernant le pilote, leur réponse a été très simple : « Si Saban vous dit qu'ils n'ont pas les droits, nous ne pouvons rien de plus. » Effectivement TMS n'avait pas la possibilité, légalement, de nous vendre des droits d'exploitation d'Ulysse 31 directement. Nous étions coincés.

Vous n'avez donc même pas visionné cette cassette ?

Non, car pour cela, il aurait fallu commencer par la faire transcoder dans un autre format et cela représentait un investissement. Nous l'aurions fait si nous avions eu la certitude de pouvoir l'exploiter ensuite.

C'est une histoire ubuesque. Quelle morale peut-on en tirer ?

Je pense qu'on aurait du mettre ce pilote, sans rien demander à personne ! Je suis persuadé que personne n'aurait protesté. Parfois, à vouloir trop bien faire, on se retrouvé bloqué. Après, cette décision appartenait surtout à IDP. Il y aurait eu un risque de procès ou simplement une demande d'interdiction de commercialisation.

C'est ce qu'on a fait avec le clip de Nono, sur l'édition Premium. Cherchez bien, il est caché sur le cinquième disque, si je me souviens bien ! Nous l'avons donc inclus discrètement sans rien demander à personne car nous savions que nous n'aurions eu que des refus, ou plutôt, que nous ne réussirions jamais à trouver l'interlocuteur qui détenait les droits.

Illustration originale de Jérôme Alquié pour l'édition Premium

Au total, combien de temps de préparation a demandé cette édition ?

Le volume 1 est sorti en mars 2005, après 4 à 6 mois de travail. J'ai retrouvé quelques dates : les textes du livret ont été prêts en décembre 2004, l'interview de René Borg a été tournée en novembre/décembre 2004, j'ai rendu la maquette des jaquettes en janvier.

Qui a illustré les jaquettes des deux coffrets ?

Afin de ne pas ré-utiliser les mêmes sempiternelles images, nous avons commandé quatre dessins grands format à Jérôme Alquié, qui est le meilleur pour réaliser des illustrations originales respectant pleinement les graphismes d'une série, dans une mise en scène qui est sa création pleine et entière. Esthétiquement, les deux coffrets m'ont semblé très réussis.


III. Loga-Rythme

Parlez-nous de votre travail pour le label Loga-Rythme…

Loga-Rythme, c'était vraiment mon bébé. C'est Yves Huchez et moi qui avons monté ce label : il s'occupait de l'aspect financier et de la distribution et moi, des choix d'édition, du mastering et des livrets. Cela me ramenait à mes premières amours, les bandes originales de dessins animés que je diffusais à la radio. J'étais très enthousiaste.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Lorsque nous avons préparé notre toute première compilation de génériques, les Succès Saban, nous avons évidemment pris contact avec l'antenne parisienne de Saban pour demander du matériel, mais ils nous ont répondu qu'ils n'avaient rien. C'est un problème qui s'est présenté à de nombreuses reprises : les grosses boîtes sont toujours d'accord pour vendre les droits de leur catalogue musical, mais sont incapables de fournir des masters ! La plupart du temps, vous discutez avec des personnes qui sont là depuis peu de temps et ne connaissent absolument pas les séries ni les musiques dont vous parlez. Partir à la recherche de vieilles bandes, ça ne les intéresse pas du tout.

Parfois, les bandes n'existent même plus…

Absolument. Il faut bien avoir en tête que la conservation coûte cher : il faut des locaux aménagés pour, avec des conditions de température et d'hygrométrie particulières, et les bandes, ça prend rapidement beaucoup de place. Pour ces raisons, il n'est pas rare que d'anciennes bandes soient réutilisées pour enregistrer de nouvelles choses par dessus : ça économise de l'espace de stockage. Et quand il y a un problème de place, que fait-on ? On regarde dans le catalogue quelles sont les bandes qui n'ont pas été demandées depuis plus de cinq ans, par exemple, et hop ! on les jette à la poubelle.

Y a-t-il eu, néanmoins, de bonnes surprises ?

Pour la première compilation des génériques Saban, donc, j'avais sorti ma collection de vinyles et nous avons apporté tout ça à l'ingénieur du son. Quand il a vu mes disques, il nous a dit : « Mais pourquoi vous vous embêtez à prendre les vinyles au lieu d'utiliser les bandes ? » Nous nous sommes alors aperçu que lui, il savait où les trouver car il était dans le métier depuis longtemps et ces bandes, il les avait vues peu de temps auparavant ! Il savait exactement où aller, dans quelle armoire, etc., ce que les gens de chez Saban ne savaient pas eux-mêmes.

Finalement, c'est avec les interlocuteurs les plus modestes que les choses se sont le mieux passées. Avec Procidis, par exemple, pour les BO des séries Il était une fois…, ç'a été très simple et le contact a vraiment été excellent. Sur place, vous avez des gens qui connaissent les séries en question et qui savent où trouver les éléments. Même chose avec Vladimir Cosma pour la BO des Mondes engloutis : il nous a accueilli chez lui, où il a une petite pièce où toutes ses bandes sont entreposées et classées méticuleusement. Là, pas de mauvaise surprise possible !


Il faut maintenant évoquer le fameux CD d'Ulysse, qui a tellement déçu…

Clairement, le CD qui est finalement sorti, ce n'était pas le CD que je voulais faire. Mais c'était ça ou rien. Pour la bande originale d'Ulysse 31, Saban n'avait en France que les génériques. Nous savions que, peut-être, les BGM se trouvaient aux USA mais où ? Comment s'en assurer ? On ne pouvait pas s'offrir trois mois de voyage là-bas pour faire un travail d'archéologue sans garantie de ne pas rentrer bredouilles… surtout quand on voit qu'à Paris, rien que pour des génériques, c'était déjà mission quasi impossible…

Je me suis donc personnellement occupé de reconstituer les musiques à partir de la bande internationale (qui ne contient que les musiques et les bruitages), que Saban a pu nous fournir, et je peux vous dire que ç'a été un travail de fou.

Avez-vous envisagé de ne pas le sortir ?

La question s'est posée, oui. Nous en avons parlé avec Yves Huchez. Nous avions acheté les droits, et du côté des fans, l'attente était énorme… il était difficile de ne rien sortir du tout. Au risque de décevoir, nous nous sommes lancés. Le disque a suscité des réactions très contrastées mais je pense que nous avons été honnête en expliquant clairement la démarche. Au final, il s'est tout de même vendu.

Quand avez-vous été en contact avec Laurent Dobbelaere ?

J'avais entendu parler de cet inconnu qui disait à qui voulait l'entendre qu'il avait retrouvé les masters des musiques d'Ulysse 31 et qu'il y avait accès. Pourquoi le croire ? J'étais franchement sceptique. Jusqu'à ce jour, à Japan expo de 2002, où Laurent est venu me trouver sur le stand de Loga-Rythme, m'a tendu des écouteurs et m'a fait entendre des extraits… J'étais stupéfait. Je lui ai proposé de ressortir le CD avec lui, mais il n'a pas donné suite. J'ai su ensuite qu'il souhaitait le faire lui-même.

Y a-t-il eu d'autres cas similaires ?

Bien sûr. Toutes les BO des séries de la DIC, époque Saban, posaient le même problème : les bandes sont introuvables ou considérées comme perdues. Pour les Cités d'or, nous avons eu la chance de pouvoir éditer les musiques réenregistrées par Yannick Rault : j'avais trouvé son travail bluffant et je lui ai proposé de l'éditer. Il a alors tenu à tout refaire !

Nous avons aussi pensé éditer les musiques de Jayce et les conquérants de la lumière… Hélas, sans aucun master, il aurait fallu faire le même travail qu'avec Ulysse. Je l'ai envisagé, pendant un temps. Je pense que cela aurait été encore plus difficile et moins satisfaisant, car dans la bande-son de Jayce, les bruitages sont beaucoup plus présents et fondus avec la musique que dans Ulysse. Nous avons renoncé.

Merci beaucoup, Olivier.

(Entretien réalisé à Paris, le 12 octobre 2016.)

© Hervé Lesage de La Haye, 2016.

 
Références, sources & liens :
— Critique de l'édition premium d'Ulysse 31 :
http://ulysse31.saitis.net/cassvideo.htm#Les%20coffrets%20DVDs%20Edition%20Premium
— Critique de la BO d'Ulysse 31 parue chez Loga-Rythme :
http://ulysse31.saitis.net/disques_cd.htm#CD Loga-Rythme
— Interview d'Olivier Fallaix décrivant son travail chez Crunchyroll :
http://www.mangamag.fr/dossiers/coin-du-guest/coin-guest-6-olivier-fallaix-crunchyroll/
— Portrait au moment de son arrivée à AnimeLand :
http://www.animeland.fr/dossier/olivier-fallaix/
— Olivier Fallaix annonce son départ d'AnimeLand :
http://www.animeland.fr/2013/12/20/au-revoir-a-bientot/
— Les archives du 35-15 TOON :
http://japon.canalblog.com/archives/p3-3.html#34084423