vendredi 29 juin 2012

La Fnac se suicide dans le métro


Dans les couloirs du métro, on voit en ce moment-même une extraordinaire campagne publicitaire pour la Fnac, où un jeune consommateur de loisirs numériques clame « la Fnac la plus proche de chez moi ? chez moi ». La messe est dite : la Fnac n’a plus besoin de ses vendeurs, libraires, disquaires, et leur adresse un bras d’honneur qui s’affiche gaillardement dans l’espace public. Le client est invité à rester chez lui, et les salariés de la Fnac à peuvent aller se pendre. La Fnac, bientôt, ce sera un réseau d’entrepôts avec un site Internet autour. Soit.

Moi qui ai beaucoup pratiqué la Fnac pendant une quinzaine d’années, de 1992 à 2007, il y a de toute façon longtemps que j’achète en ligne la plupart de mes livres et de mes disques — mais certes pas sur Fnac.com, dont le moteur de recherche a probablement été conçu par un cancéreux en phase terminale qui voulait faire une bonne blague au monde des vivants (ç’a marché, je ris à chaque fois que je tente une recherche sur le site). Et quand je veux éprouver à nouveau le grand frisson, fouiller dans des bacs ou rêver devant des étagères, je préfère hanter la Chaumière à musique ou les librairies d’occasion que les allées des Fnac parisiennes encombrées de CD et de DVD en promotion au point que c’en est indécent autant que mortifère. Toutefois, il m’est encore arrivé à deux reprises, en cette année 2012, de mettre un pied à la Fnac.

La première fois, c’était en mars dernier, j’avais été surpris de n’y point trouver le coffret 1 de la série Téléchat, paru quelques jours plus tôt, parution que je considérais sans doute naïvement comme un événement. Je suis rentré chez moi et j’ai passé une commande sur un site marchand.

La deuxième fois, c’était ce matin même, et j’ai été surpris de trouver, quatre mois après sa sortie, le coffret 1 de la série Téléchat fort bien mis en valeur. Mais aucune trace, en revanche, du coffret 2 qui est sorti il y a quelques jours… Je sais donc ce qu’il me reste à faire.

Une chose est sûre : en 2012, la Fnac la plus proche de chez moi s’appelle Amazon.

Hervé de La Haye